TRADING AU CARNET D’ORDRES
A l’origine du trading au carnet d’ordres :
De la criée aux transactions éléctroniques
Il faut retourner presque 20 ans en arrière pour comprendre comment cette stratégie à vu le jour dans les nombreuses salles des marchés dans le monde.
Autrefois, les transactions à la bourse se faisaient de façon physique entre les traders. La bourse fonctionnait sur le principe de la criée. Les opérateurs passaient des ordres d’achat et vente en faisant des signes très précis. Ils pouvaient sentir la nervosité du marché dans cette foule compacte d’opérateurs qui hurlaient à longueur de journée. Mais surtout ils voyaient les gros ordres passer provenant des institutionnels.
En France, la criée se trouvait au Palais Brongniart où tous les opérateurs s’échangeaient des titres durant la séance de cotation. Le 6 avril 1998, un nouveau monde s’ouvre avec la fin de la criée. Il n’y a plus besoin de réunir physiquement des opérateurs pour effectuer des transactions boursières.
Le Bourse de Paris passe d’un système où les transactions étaient physiques à un système électronique totalement anonyme. Difficile dans cette nouvelle configuration de suivre les gros ordres et donc les gros intervenants comme le faisaient beaucoup de traders à la criée.
Beaucoup de traders qui se contentaient de suivre les gros ordres à la Criée n’ont pas pu suivre le changement technologique et ont arrêté l’activité de trading. Les autres traders ont gardés leurs habitudes de trading en s’adaptant aux conditions du marché.
Après la fermeture de la criée, les traders ne voyaient plus qui achetaient ou qui vendaient comme ils le faisaient à la criée. Cependant, ils y avaient encore des informations qui lors du passage en électronique permettaient d’identifier les zones d’intervention des gros intervenants. Il s’agit du volume exécuté par prix (Volume At Price) et également le détail trade par trade de toutes les transactions à l’achat et à la vente (Times & Sales) –
Pas besoin d’indicateurs sophistiqués
La stratégie de trading au carnet d’ordres sur Futures est beaucoup utilisée dans les trading arcades, les hedge funds, les CTAs pour trader et gagner de l’argent au quotidien. Il s’agit d’une stratégie de « scalping » avec des positions prises uniquement en intraday.
Les trading arcades ou Proprietay Trading House sont des salles de marchés où les traders prennent des positions sur le marché pour le compte d’un investisseur ou pour leur propre compte. En France , il y a Krechendo Trading qui a ouvert en 2013. Mais c’est de l’autre côté de la manche à Londres que l’on trouve beaucoup de ces salles de marchés.
Les principales trading arcades sont :
- OSTC Trading avec 17 bureaux dans le monde entier
- Marex Spectron ex- Macfutures Londres
- Futex trading Londres
Dans ces salles de marchés, les traders utilisent à 99 % le carnet d’ordres ; en anglais le DOM (Depth Of Market) pour définir où ils vont acheter et vendre des Futures. Certains associent le Market Profile ou le Market Delta afin de valider leurs décisions d’acheter ou de vendre. L’autre particularité des trading arcades est que 99 % des traders interviennent tous les jours sur les contrats Futures uniquement (EUREX-CME).
Le trading au carnet d’ordres possède des règles très simples, comme le poker.
Je reviendrai à la fin de cet article sur les points communs que l’on peut avoir entre un trader professionnel et un joueur de poker professionnel.
La spécificité du Trading au carnet d’ordres est d’identifier les zones où se trouvent les flux acheteurs et vendeurs des intervenants les plus importants. On parle de « Real money » pour qualifier ces gros intervenants qui font bouger les marchés et qui apportent beaucoup de liquidité. Il s’agit des Assets Managers de type BlackRock, PIMCO, Vanguard.
Pas besoin d’indicateurs sophistiqués
Il n’est pas question dans cette stratégie de déterminer une tendance à la hausse ou à la baisse. L’objectif est de gagner de l’argent tous les jours, peu importe la direction du marché en tradant les zones où se confrontent les volumes des Real money acheteurs et vendeurs. Les zones avec un fort volume par Prix « Volume at Price » sont primordiales dans notre approche du marché. Elles correspondent à nos zones d’intervention sur le marché.
La fréquence des trades varie selon le trader. Mais la fourchette varie entre 10-100 trades par jour. Dans le jargon du trading on parle de trades « In & Out » ou « TMR – Take money and Run » pour qualifier cette fréquence de trades. Les prises de positions sur le marché ne durent jamais très longtemps. La moyenne de détention des positions est comprise entre 1 sec et 5 min de façon à limiter son risque. Il est donc important d’avoir un courtier avec des commissions très basses si vous avez un trading agressif.
L’apprentissage de cette stratégie de trading se fait en deux étapes. Tout d’abord, il faut comprendre le fonctionnement des marchés et surtout savoir idenifier les différents intervenants. Le plus important est de définir comment, quand et où ces intervenants entrent et sortent du marché. Ensuite, il faut mettre en place une gestion individualisée du risque, car chaque trader possède son propre profil de trading.
La théorie est très vite assimilée par les traders pour la grande majorité. Le plus compliqué dans cette stratégie est l’application sur les marchés. Cela demande beaucoup de discipline, de concentration et surtout de ne pas tomber dans la facilité car les traders au carnet d’ordres arrivent à aligner en moyenne un ratio de trades gagnants de 60-80%.
En règle générale, le marché est 80 % du temps en range et 20 % en tendance avec très peu de retour. Les pertes se retrouvent 99 % du temps dans les journées avec une forte tendance ou un mouvement de marché brusque. Le trading au carnet est optimale lorsque que des Real Money s’échangent des contrats entre eux. A l’inverse, lorsqu’ il y a une forte tendance, cela veut dire que les Real Money achètent ou vendent tous dans le même sens. De ce fait ces journées de trading sont plus difficiles à trader. Cela ne veut pas dire que les journées de tendance sur les marchés sont toujours perdantes lorsque l’on trade au carnet d’ordres mais simplement que souvent les grosses pertes sont dans des configurations d’un fort décalage du marché. C’est la raison pour laquelle, il faut bien préparer minutieusement sa journée de trading afin d’être au courant de tous les événements qui sont susceptibles de faire décaler fortement le marché.
La différence de résultat entre les traders réside dans la gestion des 20-40% de trades perdants. Il faut pour cela que le trader se détache de la partie « émotion » que procure une perte sur un trade. De la même manière, un tennisman enchaîne les points tout au long de son match afin de gagner la partie, un trader doit avancer avec ce même état d’esprit. Il aura dans la journée des trades perdants qu’il devra couper car cela fait partie du jeu. Il aura aussi un Stop Loss journalier (perte maximum autorisée) que le trader devra ne pas dépasser. Cette limite journalière de perte équivaut à 3-5 jours de gains moyens. Autrement dit si vous faites en moyenne +1000€ de gains, vous aurez une limite de perte journalière comprise entre 3000 € ou 5000 € par jour.
Pourquoi un ratio 1/3 ou 1/5 pour fixer sa limite de perte ?
En moyenne, les traders expérimentés font entre 0 et 2 Stop Loss journaliers par mois maximum alors que les débutants font entre 2 et 4 Stop Loss journaliers par mois. Avec ce ratio, le résultat sur le mois oscille entre +/- 0 pour un débutant avec la fourchette haute de pertes journalières à savoir 4 limites de pertes journalières dans le mois.
Le trading est en grande partie une histoire de probabilités. Si vous ne respectez pas votre modèle de money management, il est impossible de devenir profitable.
La particularité du trading au carnet d’ordres est de réaliser des trades uniquement en intraday, et donc de ne pas tenir de position en overnight (d’une séance de bourse à une autre). Cela évite les nuits agitées en attendant l’ouverture le lendemain, avec la possibilité qu’une information importante intervienne après la clôture. On a pu le voir durant l’année 2015, le marché à ouvert à plusieurs reprises avec un GAP important à la baisse notamment durant b. Ne pas avoir de position la nuit permet de diminuer le risque et la volatilité de son portefeuille.
La liquidité, une condition indispensable pour faire du carnet d’ordres
Les marchés Futures présentent l’avantage d’avoir une liquidité importante. C’est la raison pour laquelle les banques, les hedge funds, les assets managers et les CTAs (Commodity Trading Advisors) utilisent tous des Futures pour intervenir sur les indices actions, les obligations et les matières premières.
On a vu précédemment que 99 % des traders dans les trading arcades prennent des positions sur les futures, les Hedges Funds et la CTAs prennent également position sur les futures.
Dans le graphique le volume sous gestions des CTAs (traders sur Futures) est de 334 milliards $ en 2015
La liquidité est vraiment l’élément le plus important dans cette stratégie de trading. Sans liquidité, il n’est pas possible de scalper le marché en prenant entre 1 et 5 ticks. A chaque fois que l’on veut acheter, nous avons besoin d’une besoin d’une contrepartie vendeuse et à chaque fois que l’on veut vendre, nous avons besoin d’une contrepartie acheteuse. La gestion du risque de contrepartie est donc primordiale. Faire du carnet d’ordres dans un marché très peu liquide comme le FCE (CAC40) ou le FDAX (Dax30) n’est pas recommandé.
Le FDAX sert uniquement dans des prises de positions en spread Acheteur sur le FESX (Eurostoxx50) et Vendeur sur le FADX (Dax30), ou inversement. Ce type de stratégie en spread est surtout utilisée lorsqu’un indice sous/sur-performe l’autre. On se met acheteur d’un indice et vendeur de l’autre indice.
Paul Rotter dixit « The Eurex Flipper » tout comme Navinder Sing Sarao, Andy Priston « Braveheart » ou Vincent Bourbigot en France qui figurent parmi les plus gros traders au carnet d’ordres au monde tradent entre 25k et 300k contrats futures par jour. Paul Rotter est connu pour son trading très agressif sur les contrats Futures sur la dette allemande. Navinder Sing Sarao est plutôt spécialisé sur le contrat Future ES (S&P500). Vincent Bourbigot et Andy Priston tradent quant à eux tous les marchés liquides EUREX-CME.
Leurs profits journaliers se calculent en centaine de milliers d’€ par jour. Navinder Sing Sarao, un ancien trader de la trading arcade Futex à Londres était tellement « gros » sur le carnet du S&P500 qu’on lui reproche d’avoir provoqué le Flash Krach en 2010 sur le marché américain. Il doit d’ailleurs répondre devant la justice américaine des faits qui lui sont reprochés.
En résumé, les marchés à privilégier pour trader au carnet d’ordres sont les marchés les plus liquides.
Les 4 marchés les plus tradés par les spécialistes du carnet d’ordres sont :
- Sur le marché EUREX: FESX (Eurostoxx50) – FGBL (Germany 10Y Bund)
- Sur le marché CME: ES (S&P500)
- Sur le marché CBOT: ZN (10YT-notes)
Les spécificités du trading au carnet d’ordres
Les automatismes ou set-ups
du trading au carnet d’ordres
Les avantages du scalping au carnet d’ordres sont multiples et parlent pour eux-mêmes. Nul besoin d’indicateurs sophistiqués. Un simple clique de souris pour entrer et pour sortir une position. Les opportunités sont multiples durant la séance de trading de 8h à 22h, la période à privilégier étant la séance d’ouverture de la bourse de 9h à 17h30 car il y a beaucoup plus de liquidité.
Cette stratégie de trading est reproductible d’une journée à sur l’autre car tous les jours, il y a des acheteurs et vendeurs qui s’échangent des contrats futures. Le trading est souvent perçu comme un exercice qui consisterait à prédire la direction du marché. En tradant au carnet d’ordres, il s’agit plutôt de suivre les intervenants plutôt que prendre des positions à la hausse ou à la baisse sur la valorisation du marché. Ce qui importe c’est d’identifier où sont les acheteurs et les vendeurs qui s’échangent des contrats Futures durant la journée afin de se glisser entre eux. Le scalpeur au carnet d’ordres et un observateur, il traque les opportunités à chaque mouvement de marché durant la séance de trading.
Le scalping ne demande d’avoir qu’un plan de trading que l’on répète tous les jours. Comme on dit souvent en salle des marchés : Il y a deux règles en trading, avoir un trading plan et le respecter.
Une autre règle importante à respecter est de ne jamais garder une position pendant les statistiques importantes et les discours des banquiers centraux. Il ne faut jamais trader dans des marchés avec une volatilité extrême. L’objectif est de prendre entre 1 et 5 points de marché en règle générale. Mais lors de ces périodes de fortes volatilités, le marché peut décaler très fortement. Le risque par rapport aux gains attendus n’est pas favorable.
Le plus important est de définir les zones d’interventions. Pour cela l’utilisation des volumes traités par prix ainsi que les graphiques permettent d’observer les supports et résistances. C’est l’unique utilisation qui est faite des graphiques. Aucun indicateur technique. Les traders les plus performants ne tradent qu’avec le carnet d’ordres et le DOM (Depth Of Market).
Le trading haute fréquence, un concurrent pour un trader au carnet d’ordres ?
Le trading haute fréquence n’est pas un concurrent, au contraire, il apporte de la liquidité dans le marché. Et la liquidité est vraiment le nerf de la guerre. Le HFT n’est pas une activité de trading mais uniquement une activité de passation d’ordres pour des clients. Le trading haute fréquence représente uniquement de la passation d’ordres par des ordinateurs au lieu de négociateurs humains qui exécutent les ordres de clients institutionnels au téléphone ou sur une plate-forme électronique.
Ça coûte moins cher de demander à un robot d’acheter 10 000 contrats Futures au VWAP (moyenne des prix échangés durant la journée) plutôt que de donner l’ordre d’achat à un négociateur humain. En plus du coût, cela évite les erreurs humaines ou les fraudes comme on a pu le voir avec le négociateur Nick Lesson qui avait mis en faillite la Barings en 1997.
D’autre part, la façon de travailler des algorithmes est beaucoup plus prévisible que de suivre le comportement de l’être humain. Le trading au carnet d’ordres est basé sur le trading des intervenants, le trading haute fréquence est donc positif car un algorithme est répétitif. Lorsque qu’un algorithme commence à acheter les 10 000 contrats ou plus, il réagit toujours de la même manière, donc il est plus simple d’analyser et d’observer un algorithme que le comportement humain qui se révèle parfois incompréhensible et changeant selon son l’humeur.
Le trading au carnet d’ordres est une stratégie utilisée par les traders professionnels
pourquoi les particuliers n’utilisent pas cette méthode ?
Les particuliers en France utilisent encore peu le trading au carnet d’ordres, même si le retard est en train d’être rattrapé.
Il fallait qu’un courtier ou qu’une plateforme soit à disposition des particuliers. La plateforme que les professionnels utilisent est X-trader TT (Trading Technologies). Mais Prorealtime offre depuis peu un DOM qui permet de trader au carnet d’ordres.
De plus, le trading est moins développé en France que dans le reste de l’Europe ou du monde. A Londres il y a une vingtaine de salles de marchés pour traders indépendants alors qu’il n’existe que Krechendo Trading à Paris. Il ne fait aucun doute que d’autres Salles de marchés ouvriront dans un avenir proche et permettront à beaucoup de traders de travailler dans un environnement professionnel.
En conclusion, je dirai qu’il existe beaucoup de manières différentes de gagner de l’argent sur les marchés autre que par l’utilisation du carnet d’ordres. Le plus important est de faire de la pédagogie sur les stratégies d’intervention
Les particuliers doivent se former. Dans le cas contraire, ils risquent de subir les frais d’un apprentissage avec leurs comptes de trading. Aucun particulier ne devrait intervenir sur les marchés sans avoir backtesté sa stratégie ou avoir fait une longue période en simulateur afin de mettre en pratique sa stratégie.
D’après une étude de l’AMF basée sur 4 ans d’observation, il apparait que 90% des particuliers perdent de l’argent en raison de l’inadéquation entre le risque pris et la connaissance des produits qu’ils utilisent.
Similitude entre les qualités d’un trader pro et d’un jouer de poker pro
Un bon joueur de poker professionnel sera forcément un trader à succès. Chris Ferguson, Kathy Liebert, Andy Frankenberger ou encore Dan Shak font partie des joueurs professionnels de poker ayant réussi ensuite dans le trading.
Dans le poker comme dans le trading il faut savoir prendre des décisions rapidement. Mais d’autres paramètres sont à prendre en compte sur la durée. Il s’agit d’une course de fond, un marathon dans lequel il faut savoir garder son sang-froid, avoir une capacité d’analyse du risque, se remettre en question, gérer les excès de confiance, gérer son capital et surtout être très discipliné.
Sans cela, l’aspect technique n’est qu’un détail dans la réussite du trading.
Le succès dans le trading ne se joue pas que sur la connaissance du marché mais aussi sur la mise en place d’une routine que l’on met à exécution tous les jours avec une gestion très stricte du risque. C’est ce que ne font pas 99 % des particuliers qui basculent souvent en « mode espoir » lorsque le trade ne se passe pas comme ils l’avaient anticipé. C’est la raison pour laquelle, il faut absolument avoir un trading plan précis avant d’intervenir sur les marchés.
PRESENTATION KRECHENDO